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Mais qui était réellement Ali Soilihi Sélémani...

Mais qui était réellement Ali Soilihi Sélémani ? mort en juin 2011.

Il était l'aîné des cinq enfants de Soilihi Sélémani, lui-même décédé il y a quelques années.
Comme son père, il était incontestablement un homme, tout d'abord, de la localité d'Ivembeni (Mboudé).

Son itinéraire en tant que sujet dans la vie sociale

Premier Instituteur bénévole d'Ivembeni et natif, Ali a institué l'école publique à éducation occidentale en 1965 en se servant du bâti commun (Bangwé), du quartier "Madina" ou "Mdrawamboini" et réservé habituellement aux manifestations coutumières communautaires, comme première école primaire. Son ami Mohamed Zitoumbi y avait collaboré. D'ailleurs, certains parmi nous y étaient accueillis pour alphabétisation en attendant l'arrivée officielle de l'école publique française qui a ouvert ses portes en cette année 1967.

Aidé dans son projet par un certain Armand GUILLAUME, un de ces fils d'un Mzungu qui était bien intégré dans la communauté d'Ivembeni durant ces années là, Ali avait très tôt compris l'intérêt d'éduquer et préparer la jeunesse locale pour un avenir responsable sur le plan local comme sur celui national. Hélas! ses espérances furent légères à la veille de cette année 1975.

Ali s'était soustrait très tôt de l'obscurité dans laquelle vivait bon nombre de sa génération. Il s'était distingué par une envie presque permanente d'être toujours proche des lettrés de toutes sciences. A tel point qu'en l'écoutant lorsque s'engageaient des échanges, des moments qu'il aimait tant, il était très rare de les clore sans au moins une phrase philosophique ou moralisatrice.

Militant de la première heure du "Parti blanc", l'évolution politique des Comores l'avait toujours maintenu dans la généalogie des mouvements se réclamant plus ou moins progressistes. Attitude qui corroborait parfaitement avec ses manifestes premiers de réactionnaire dans une société pleine d'injustices. Ali n'a jamais pu avoir le soutien d'Ivembeni pour lui permettre de prendre part dans la gestion des affaires des Comores. Or, malgré une courte scolarité certes, ses connaissances suffisaient toutefois à l'époque qui était la sienne pour avoir légitimement son mot à dire dans les affaires d'une colonie, d'un Etat par la suite.

Homme de la vie aux multiples dimensions, de l'hyperactivité même, Ali avait laissé ses empreintes aussi dans le milieu associatif durant les 5 premières années de la décennie 1970 et au sein de l'Association musicale et villageoise "Amin"; support local des mouvements politiques que l'on pourrait noter comme étant de l'appartenance de la Gauche comorienne.

En même temps, Ali a fait partie de ceux et celles qui ont servi durant cette même période, la grande cause qui était la lutte contre les grandes endémies aux Comores. Un service de l'Administration coloniale qui avait son siège à Moroni et, très connu à l'époque par la population pour sa mission, ses hommes et femmes en blouses blanches et ses équipements notamment les grosses motos que les petits comoriens appréciaient le bruit du moteur en marche.

Comme certains comoriens, Ali a choisi l'exil en période politique mouvementée des Comores. En France où il a bénéficié accueil à la fin des années 70, il a renoué avec ses activités politiques aux côtés de Mouzaoir Abdallah, en animant inlassablement le Parti "Wuwézo" en Région parisienne.

En parallèle, Ali tentera tant bien que mal d'organiser les expatriés d'Ivembeni sur terre d'accueil et dans un ensemble cantonal (Mboudé). Ce fut toujours un dur combat de mémoire, mais qui a débouché sur des réalisations notables et palpables à Ivembeni d'abord, sur le plan du développement local et sous son égide entre autres ; voire même cantonales (électricité et téléphone) par la Diaspora d'Ivembeni (...).

En réintégrant les Comores, Ali a mis en garde maintes fois une communauté à l'occasion de ses incessantes réunions et par les propos suivants : "De mon observation, je constate que depuis un certain temps chacun de nous s'estime peser un Kilo".
Et c'est sur cette phrase après un long séjour professionnel, familial et de serviteur très actif d'une Diaspora qu' Ali Soilihi Sélémani a regagné fermement au tout début des années 2000 les Comores.

Sur le terrain, combattant infatigable, il s'est fait introniser par la communauté locale comme adjoint au Chef de la Ville d'Ivembeni.

A partir de ce nouveau titre et dans une ère où l'on parle de Commune à Ngazidja, Ali Soilihi fut nommé par la suite Maire de la commune "La Grille", par arrêté du Ministre de la sécurité intérieure et de l'Administration territoriale de l'île autonome de Ngazidja, pris le 26 juillet 2006.

Les Maires de Ngazidja, en association dénommée "AMN", ont parachevé sa carrière en l'admettant comme Vice Président de leur institution; dernier titre d'un long périple et, aux côté de Mohamed Said Abdallah Mchangama en sa qualité de Président.

Aujourd'hui, Ivembeni pleure certainement son enfant comme l'aurait fait tout autre communauté de Ngazidja d'ailleurs, au réveil par l'incontournable mort qui soustrait alors ce que l'on n'a pas su mettre à profit.

Il aura fait en tout cas ce qu'il a pu et, ce fut un grand homme.

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